dimanche 25 octobre 2009

Compte Rendu Endurance Trail / Festival des Templiers, 112km, 4376 m de Dénivel


Voilà, c’est fini pour moi, ma saison sportive est terminée. Plus de compète pendant deux mois, tout juste quelques sorties courtes une fois que j’estimerai avoir complètement récupéré. L’Endurance Trail, j’ai déjà eu l’occasion d’en parler, c’est une course en marge du Festival des Templiers sur un format de 120 km environ et qui se dispute tous les 5 ans.


Après ma rencontre avec l’incroyable Stephane Couleaud, aussi appelé UltraSteph sur le Raid Edhec, après ce super BMTU réalisé en sa compagnie, j’étais décidé à le rejoindre sur cette version longue des Templiers. A vrai dire, en planifiant au début de l’année mes différentes participations, je pensais plutôt terminer sur le 72km, mais que voulez vous, courir un 116 bornes quand on souhaite faire l’UTMB et ses 160km / 9000m D+ en 2010, ce n’est pas non plus tout à fait incongru, d’autant que cela s’inscrivait dans le cadre d’un entrainement sur le long…


Alors voilà, ce Vendredi, à 4h du matin, j’étais au départ de ce trail à Nant dans l’Aveyron, comme 514 autres coureurs (et apparemment 700 inscrits). Sorti tardivement du travail et devant récupérer mon dossard avant le départ de la course, je n’avais pu dormir qu’à peine 2h. C’est mieux que rien et même si je n’aurais pas pu faire vraiment autrement, un peu plus de sommeil avant course m’aurait j’en suis sûr bien aidé sur les derniers 16km… enfin j’y reviendrai


A 4h, donc, quand le départ est donné au plein milieu du village, il pluviote légèrement. Pas de quoi fouetter un bœuf. C’est même presque agréable. Il ne fait pas vraiment froid. Compte tenu de mon peu d’entrainement et de ma fatigue de ces derniers temps, je choisis la stratégie de la prudence en partant doucement ; la même stratégie que celle que j’avais adopté sur mon premier 50 km, il y a 2 ans de cela. Je pense que cette stratégie était bonne. Les 39 premiers kms passent comme une lettre à la poste en 4h14 minutes. Je ne connais pas le dénivelé exact sur cette portion mais je me sens bien. Il fait maintenant jour, le balisage est irréprochable, difficile de se tromper vraiment ! Pour l’histoire, j’essayais pour la première fois l’éclairage rouge de ma frontale. Pas mal … j’avoue que c’est plus reposant pour les yeux mais dans les descentes je passais systématiquement sur l’éclairage blanc, beaucoup plus efficace et donc adapté à la descente de nuit !!




Toujours pas de trace d’UltraSteph. Arrivé un peu à l’arrache avec mes histoires de dossard, nous n’avions pas pu nous voir avant le départ de la course.. Après le ravito du 39ème km suit une montée suivie immédiatement d’une énorme (que dis-je énorme, interminable) portion de plat, faux plat, légère descente, légère montée. Et c’est sur cette section que je croise Steph. Quel plaisir de voir une tête connue ! Surtout que je commence à sentir la fatigue. Steph est parti plus rapidement que moi mais souffre d’un mal de dos qui ne veut pas le laisser tranquille. Le temps de discuter un peu avec lui, de prendre une photo. Steph m’encourage et je repars sur ma course.




J’arrive au 57ème km à Prat Peyrot vers 10h30, après 6h30 d’effort. C’est dur. Il fait froid, le ravito n’est pas couvert et j’apprend que Steph a finalement abandonné … Bah non Steph, tu vas pas me laisser tout seul ?! Froid, pluie , brouillard et fatigue combinée … c’est dur. Bien sûr, je pourrais abandonner mais je n’y pense pas vraiment. Seule une blessure articulaire, osseuse ou ligamentaire, pourrait me faire prendre cette décision. Rien de tout ça chez moi, juste une fatigue, celle que l’on ressent quand on se force à avoir un cycle d’inspiration / expiration complet. Pas d’excuse donc. UltraSteph qui a été amené en bus au ravito du 57ème m’encourage à nouveau. C’est sûr, pas d’autre possibilité que terminer cet Ultra. Je pense au Repos qui m’attend à la fin de ces 116km, à tous les êtres qui me sont chers et qui me font aller de l’avant dans la vie. Après 17min d’arrêt au ravito il est temps de repartir.



La portion qui suit est assez courte. Il s’agit de la montée vers le Mont Aigoual. J’avance en terrain relativement connu puisque j’avais participé au Trail du Mont Aigoual un an et des poussières plus tôt. La montée est annoncée comme difficile mais se fait assez facilement. Ca continue de bien rouler. Le temps en revanche est exécrable. Je vais finir par croire qu’il ne fait jamais beau sur le Mont Aigoual. En arrivant vers le sommet, je suis accueilli par de violentes bourrasques. Assez forte pour me déporter sur le coté et me faire dévier de ma route. Je suis aussi accueilli par un drapeau breton … étrange trouvaille ;)




Paradoxalement, c’est sur cette portion du parcours que j’apercois pour la première fois le soleil pointer son nez au dessus des nuages ! A 12h16, 8h16 de course, j’apercois le 70ème km. Nous nous sommes éloignés des intempéries, moins de vents, plus de pluie, du soleil qui réchauffe parfois et un parcours toujours aussi roulant … Chaque ravito est l’occasion de se ressourcer un peu. A cette heure-ci de la course, il m’est difficile de savoir ce dont j’ai envie. Marre de manger toujours la même chose. Mes barres énergétiques scientec nutrition gagnées sur le Trail des Alpes maritimes ne sont pas super bonne (mais elles ont le mérite d’être là). Mes noix de cajoux sont trop grasses et pateuse, la soupe du ravito contient sûrement du poisson auquel je suis allergique … et les bières disposées sur les tables du ravito sont bien tentantes … mais non, trop dangereux, pas avant l’arrivée


Je continue, ça roule pas mal. Nous traversons maintenant les causses ou du moins ce que j’identifie au paysage des causses … c’est magnifique. J’arrive toujours à relancer sur le plat. Avec les autres coureurs, nous passons notre temps à nous doubler les uns les autres … Pour ma part, mes bâtons que j’avais choisi d’emporter avec moi sur cette course font des merveilles dans les descentes ! Quelles sensations, quel régal ! je m’oblige à ne pas descendre trop vite pour ne pas me mettre dans le rouge et j’en profite d’autant plus. Franchement, je ne me suis jamais fait autant plaisir sur des longues distances en descente, d’autant que mes bâtons amortissent considérablement les chocs habituellement ressenti par les genoux ! Les descentes sont assez techniques car tortueuses et pentues. Mes camarades de l’effort eux ont plus de mal à la descente mais me reprennent sur la montée. C’est un peu le jeu du chat et de la souris !


La course continue ; vers le 80ème km, on m’annonce ma place aux alentours de 75. Pas mal !! Je sais cependant que rien n’est joué d’autant que j’appréhende fortement l’arrivée de la nuit. A 17h54, après 13h54 de course, j’arrive au ravito du 100ème km …


Il reste à ce moment là 16km avant l’arrivée salvatrice. Je sais que le plus dur reste à faire. C’est con à dire, mais quand on est un minimum fatigué et que l’on navigue dans l’obscurité, il existe un mécanisme censé j’imagine protéger l’intégrité de ton corps et qui a pour effet de se faire fermer les paupières pour mieux dormir …


Quel Calvaire, Quel Calvaire !! Il reste deux énormes montées, une énorme descente et mes petits yeux qui acceptent à peine de rester ouvert. J’avance alors en pilotage automatique, doucement … C’est mieux que rien doucement, mais plus on est lent et plus la ligne d’arrivée s’éloigne dans le temps. Au 107ème km environ, la troisième féminine me dépasse. Je m’accroche à son rythme (endiablé ☺) pendant une bonne vingtaine de minutes, avant de la laisser repartir … A ce moment là, je n’en peux vraiment plus, les coureurs me doublent, je ne double plus. La fin se rapproche, bien sûr, mais si lentement.


Courage garçon, bravo, c’est bientôt fini ! entends je dire au sommet de la dernière montée

- Merci … Mais J’VEUX DORMIR !!!!!!


J’avoue que j’ai pensé à plusieurs reprise m’arrêter une demi-heure / une heure pour dormir le long du chemin … Je ne l’ai pas fait, je voulais arriver et j’avais trop peur d’attraper froid ou de me chopper une crampe


La dernière descente est particulièrement casse gueule mais tellement synonyme d’espoir. Dans la vallée, on entend le speaker annoncer les arrivées. Quand mes pieds touchent à nouveau le goudron, je sais que la partie est jouée. Il doit rester un peu moins d’un km, j’accélère, encouragé par les spectateurs. Au loin, j’aperçois la ligne d’arrivée … je termine sur un Sprint … pour la forme pardi !!


Il était 21h09, quand j’ai franchi la ligne d’arrivée, prenant ainsi la 91ème place au scratch et 29ème de ma catégorie (sénior). Je suis vraiment heureux d’avoir pu aller jusqu’au bout. Merci du fond du cœur à tout ceux qui m’ont soutenu. Je savais que j’arriverais à la fin car j’en avais la volonté, mais rien n’est jamais joué d’avance et donner le meilleur de soi même à un instant donné n’est pas possible sans encouragement. A ce sujet, notre nom et prénom étaient inscrits sur le dossard, du coup les spectateurs pouvaient même nous faire des encouragements personnalisés. Ca fait bizarre la première fois quand on oublie ce qu’il y a écrit sur son dossard, mais c’est bien


Un ptit mot quand même sur le kilométrage… Au tout début, plus de 6 mois avant la course, cela devait être un 120km. Juste avant la course on nous dit 116km. Au final on nous apprend qu’il n’y avait que 112km. 112km par rapport au 116km, l’erreur est acceptable et je n’en tiendrais pas trop rigueur aux organisateurs ; on n’en n’est pas à comparer 63km annoncés avec 72 réels sur la Piste des Seigneurs (même équipe organisatrice). Le balisage était irréprochable comme sur la PDS. Niveau parcours, c’était très roulant. Trop de grosse piste (notamment autours de l’Aigoual) mais pas mal de descentes techniques, un vrai régal.


Je ne pense pas revenir l’année prochaine, car quelle que soit la distance, je trouve tout ça un peu cher (j’ai payé 100 Euros 4 mois avant l’épreuve). Quoi qu’il en soit, je ne regrette pas ma participation. C’est certainement quelque chose à vivre une fois dans sa vie de coureur


Basile, pour vous servir :)


P.S : pour ceux qui voudraient des nouvelles de Steph, apparement les kiné ont fait des merveilles. Dimanche, il a finalement pris le départ des Templiers sur le 72km pour accompagner des amies dont Marie Servanne qui était avec lui dans le Team UFO sur le Raid Edhec. Marie Servanne termine le 72 km (c'est bien ça le kilométrage final ??) en 10h37. Bravo à elle, et bravo à toi Steph, toujours aussi impressionant



Oui, tout à une fin !!! Rien ne sert de savoir courir si l'on ne sait pas s'arrêter :)


1 commentaire:

  1. felicitations ! comme d'hab ton CR est genial, on est dans la course ! on se retrouve bientot pour faire le planning 2010 avec l'UTMB en objectif principal, yahoo !
    bon retablissement et encore bravo !

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