Car les photos parlent d’elles mêmes. Avec un départ de nuit à 7h30 du matin depuis le stade juste en dessous du lycée Climatique de Fon Romeu, nous avons pu assister au lever de soleil sur les Pyrénées Orientales … c’était magnifique et à aucun moment de la journée, ni le soleil ni le ciel bleu ne nous ont laché. Le domaine de Fon Romeu avec ses nombreux lacs et sommets vierges de toute installation mécanique était l’endroit rêvé pour cette course nature.
Retour en arrière. Pour cette occasion, nous étions montés Ben, Mat le Ouf et Florent. Au programme du samedi, des courses de dernière minutes, pas mal de voiture, un ptit resto de pâtes (bah quoi, pas de pasta party organisée ???), préparation des sacs et dodo. A part la portion de pâte plus que limitée au resto (obligation pour moi de recommander une assiette, le comble !) et le petit bananas show de Mat le OUF (cf la vidéo, impressionnant !) rien de spécial à signaler. La nuit fut courte … impossible de dormir avec cet énorme radiateur dans la chambre.
- 5h du mat, réveil pour prendre le gâteau énergétique que j’avais préparé (et essayé de faire cuire …) accompagné d’une banane.
- 5h10 au lit encore pour 50 minute de sommeil ...
- 6h00 lever, définitif cette fois ci pour se préparer et ranger les affaires, départ à 6h50 pour le lycée climatique …
- 7h10 rapide briefing
- 7h30 départ de la course, la journée peut commencer
Je prends un départ relativement rapide de façon à éviter un flux de personnes trop important à doubler dans les premières montées étroites. Ce n’est pas toujours le cas sur toutes les courses, mais dans ce cas là il était important de bien se positionner dès le début. Le sol est relativement stable, début sur quelques piste damées ou sentiers en forêt, la première partie est assez roulante. Quelques passages où l’on s’enfonce un peu mais très vite, retour sur des pistes damées.
Le spectacle du soleil se levant arrive très vite et les frontales deviennent alors inutiles. Premières descentes, particulièrement poilantes notamment celle au 10ème km. Toujours le même constat, les gens ont vraiment du mal à descendre, tout n’est pourtant question que d’un peu d’équilibre, de dynamisme pour toujours aller de l’avant, et parfois aussi, il faut bien l’avouer d’un peu d’audace … mais cela s’acquiert ! Première chute pour moi, d’ailleurs, mais la neige est là pour amortir la chute.
Il est temps maintenant de dire que, petite fantaisie de ma part, j’avais décidé de courir en shorty … Bon, avec le recul, je le regrette un peu, mais cela ne m’a pas empêché de terminer la course. D’ailleurs, avec le temps qui était annoncé, tout semblait me donner raison. Je dois être un des rare à avoir bronzé des jambes !! Personnellement, sur les 340 personnes censées avoir pris le départ en ce 18 Janvier 2009, j’ai doublé une personne avec un short. Pendant de nombreux km, j’ai de temps en temps vu des micros traces de sang dans la neige, j’en déduis qu’une autre personne devant moi avait fait le même choix que moi, à moins que le sang provienne d’une autre blessure.
Je pense qu’il est nécessaire de donner aussi quelques explications sur ce choix qui pour beaucoup ressemble à de la folie ou du masochisme. Évidemment, il ne s’agit d’aucun des deux. C’est peut être une question d’habitude, mais le fait est que je n’ai pas froid des jambes et quand on court, on crée sa propre chaleur. A l’arrêt, évidemment, c’est une autre chose, mais dans une course comme ça, je ne m’arrête jamais longtemps. Je craignais éventuellement de fragiliser les genoux et de favoriser une tendinite, mais le temps s’annonçait ensoleillé, sans vent … le choix était fait. Maintenant, le problème, ce n’est pas le froid, le problème, c’est que la neige était bien dure …
Or pour schématiser, ce trail Blanch , ça a été 30km de marche avec de la neige jusqu’au genoux et 20km de course. Mes jambes aujourd’hui sont couvertes d’égratignures. Ça allait au début mais c’était l’horreur à la fin, d’autant qu’à la neige s’ajoutait aussi les buissons, pas épineux mais bien dur quand même. Je craignais à chaque pas de m’enfoncer plus encore que la trace qui avait déjà été faite par mes prédécesseurs.
Marcher dans ces conditions est une obligation, car courir n’apporte pas de vitesse, seulement une déperdition d’énergie. Au final, la fatigue sur ce type de terrain n’est pas tant physique (même si elle l’est évidemment) que psychologique… du moins, si on ne s’y est pas préparé à l’avance. Car dans ces conditions, on a l’impression de ne pas avancer, de s’épuiser pour rien, que la course est figée, qu’on ne peut doubler personne … franchement, je regardais régulièrement, le gps, ça n’avançait pas. Et quand par ailleurs on n'a aucune idée d’où on se trouve par rapport au reste des coureurs, cela devient assez vite difficile. On en vient à ne plus vouloir se battre, on avance mécaniquement. Je voulais dans tous les cas terminer cette course, il était hors de question d’abandonner, mais on y pense quand même...
Fort heureusement, vers le 27ème km (et déjà 5h de course !!!!!!!!!!), j’apprends sur un ravito que je suis 32ème… pas mal me dis je … Il ne m’en fallait pas moins pour retrouver la motivation … comme quoi ça tient vraiment à rien, la volonté de se battre … Tout d’un coup, tout ce que j’avais fait jusque là reprenait du sens. Au final, J’ai terminé 33ème sur plus de 300. Bon, en chipotant je dirais que je suis arrivé 30ème, vu que j’en ai doublé trois sur la ligne d’arrivée mais bon, cela ne change rien au temps incroyable de 8h31 de course … 8h31 pour 51 km, c’est fou quand même, tellement disproportionné par rapport à la distance. J’ai parcouru les 10 derniers kms avec la seconde Féminine, un peu comme sur le marathon du mont blanc, à la différence près que j’aurais cette fois-ci pu continuer tout seul devant et pas sûr non plus qu’elle ait besoin de quelqu’un d’autre pour continuer mais c’était sympa, on a discuté. La miss toute droit venue du Brésil était en vacance en France et pour ses loisirs s’était choisi un ptit 51 km hivernal… J’avoue, j’aurais sans doute fait pareil, mais je comprends que cela puisse paraître étrange à d’autres. J’ai quand même eu le droit à la bise à l’arrivée, enfin, c’était marrant, sacrée fille !!
Mes chers collègues ont terminé la course aussi, même Mat le Ouf, avant dernier qui s’est vaillamment battu pour passer la barrière horaire au 38ème km. Pour l’histoire, Mat avait oublié de prendre sa frontale (qui fait pourtant partie du matos obligatoire). Du coup je me suis fait un peu de soucis pour lui quand depuis le lycée climatique, devant mon imposant plat de pâte, j’ai vu arriver la nuit. Mais bon, il en fallait plus apparemment pour se débarrasser de lui et son ingénieux système breveté de chausson en néoprène pour garder se petits pieds au chaud (là aussi, cf photos). Ben et Florent sont arrivés quant à eux avec une dizaine de minute d’écart
Voilà pour le récit de cette course, qui évidemment restera pour tous dans les mémoires comme étant d’une difficulté extraordinaire. Rien que le premier a mis plus d’une heure 20 de plus par rapport à l’année dernière. Niveau organisation, je n’ai pas été particulièrement impressionné, mais sans doute je reporte sur eux ma frustration de ne pas avoir pu prévoir la difficulté supplémentaire représentée par l’important manteau neigeux. Sans soute aussi un peu déçu de ne pas avoir eu de t-shirt finisher à l’arrivée mais à la place un buf. Bon en fait, le buf à l’air pas mal, mais comme souvenir, on préfère avoir quelque chose que l’on peut mettre aussi dans la vie de tous les jours. J’aurais l’air bien con avec un buf ou ma serviette « Trail Blanch’ Fon Romeu « au bureau :-)
Le retour en voiture s’est fait de nuit avec départ vers 20h de Fon Romeu, arrêt au Macdo dans la vallée (incroyable ça aussi, après l’énorme repas que je m’étais pris au Lycée Climatique, cette envie de gras… résultat j’ai même pas terminé mes frites). Mais bon, paraît il quand on court, on brûle des calories… alors ça passe pour cette fois
Merci encore à Florent, Ben et Mat pour ce WE génial, parce qu’en dehors de la course, on s’est aussi vraiment bien marré !
Tchuss
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