La préparation
Après une saison 2012 un peu trop gourmande et une vingtaine d'ultra au compteur depuis 2008, j'avais décidé pour 2013 de ne pas faire d'ultra de plus de 140km. Ayant bouclé le Tour de l'Oisans et des Ecrins (TOE) [180km D+12000m] en 2011 et le Grand Raid des Pyrénées [160km D+10.000m] en 2012, je pense que physiquement je suis un peu juste. Au delà de 30h avec un rythme plutôt soutenu, mon corps à du mal à suivre et la période de récupération est longue. J'ai finis le TOE (à lire ici) dans la douleur et je me suis dis plus jamais je finis pour finir et sans plaisir un trail..
La premiére édition de l'Echapée Belle me donne vraiment envie et je m’inscris début février. La communication autour de l'épreuve est remarquable, les paysages splendides et le format correct.
Grosse motivation des amis du Marseille Trail Club (Hugues, Vincent, Damien, Pierre, Gépé, Pascal, Ostrogo, Mos, Lionel et Thierry) et des copains que se croisent régulièrement sur les Ultra de France (Ultrasteph, Badgone, Basile, Martine, Papazzian, le Rapace, Henry, Jean-Michel....) pour cette premiére.
Après la Montagn'hard [103km D+8200m], pas mal de repos et je privilégie les sorties longues en rando-course avec un fort dénivelé en continue (1000 à 2000m). Bilan 150km D+11370m en très peu de sorties en Août avec en plus toujours un peu de VTT.
Je me plonge vraiment dans la course une semaine avant le départ. L'organisation estime le temps du premier en 24h. Connaissant les favoris, je pense qu'il mettra plutôt 22-23h et je pense pourvoir finir en 30h. C'était sans saisir la subtilité du slogan de la course...
Un parcours grandiose !
100% MONOTRACES, 200% TECHNIQUE,
300% MAGNIFIQUE
Un espace naturel et sauvage !!
Oscar, le vainqueur en 28h04, ayant reconnu le parcours, tablé sur 22h!
Les témoignages des coureurs se succèdent, la course s'annonce technique mais pas pire que l'Andorra Ultra Trail...
Avec Martine Volay (son blog) - Crédit Photo
En lisant le poids des sacs de certains concurrents sur des forums, je me
suis amusé à peser mon sac en accord avec le matos obligatoire
• Un récipient pour boire car il n’y aura pas de gobelets plastiques au ravitos : 24g
• Un sifflet: 0g (intégrer au sac)
• Une bande élastique de façon à faire un bandage (100*6) : 90g (bande + kit survie)
• Une couverture de survie entière (non découpée) : 60g
• Une veste imperméable (type Goretex) avec capuche : 157g
• Un pantalon ou collant long (3/4 accepté): 100g
• Une polaire (technique ou non): 290g
• Une première sous couche sèche à n’utiliser qu’en cas de problème. 113g
• Une poche imperméable (sac plastique ou autre) 0g
• Une réserve alimentaire de survie composée d’au moins 2 barres énergétiques. 350g
• Un ou plusieurs contenants de liquide de 1.5L minimum au total
• Bonnet ou Buff: 35g
• Gants : 35g
• Téléphone portable avec secours pré-enregistrés et batteries pleines: 105g
• Altimètre (GPS ou barométrique) sur moi
• Une lampe frontale avec un jeu de piles de rechange 259g
• Le RoadBook (à minima la fiche recap/ fiche secours) 3g
• 1 poubelle à déchets 0g (intégrer au sac)
Bilan 1.6kg (sans eau, ni poids du sac)
• Un récipient pour boire car il n’y aura pas de gobelets plastiques au ravitos : 24g
• Un sifflet: 0g (intégrer au sac)
• Une bande élastique de façon à faire un bandage (100*6) : 90g (bande + kit survie)
• Une couverture de survie entière (non découpée) : 60g
• Une veste imperméable (type Goretex) avec capuche : 157g
• Un pantalon ou collant long (3/4 accepté): 100g
• Une polaire (technique ou non): 290g
• Une première sous couche sèche à n’utiliser qu’en cas de problème. 113g
• Une poche imperméable (sac plastique ou autre) 0g
• Une réserve alimentaire de survie composée d’au moins 2 barres énergétiques. 350g
• Un ou plusieurs contenants de liquide de 1.5L minimum au total
• Bonnet ou Buff: 35g
• Gants : 35g
• Téléphone portable avec secours pré-enregistrés et batteries pleines: 105g
• Altimètre (GPS ou barométrique) sur moi
• Une lampe frontale avec un jeu de piles de rechange 259g
• Le RoadBook (à minima la fiche recap/ fiche secours) 3g
• 1 poubelle à déchets 0g (intégrer au sac)
Bilan 1.6kg (sans eau, ni poids du sac)
Coté alimentation, je prévois
Vizille (km0) - Fond de France (km60) environ 13h: 10 gels et 2 barres
Vizille (km0) - Aiguebelle (km140) environ 17h: 11 gels et 3 barres
Dormir proche du départ semble une option plus raisonnable que la navette Aiguebelle-Vizille de l'organisation en pleine nuit. C'était sans compter sur les fêtards de l’hôtel IBIS qui m'ont pourri la nuit...
Vizille - Le Pra [27km D+2300m D-485m] : 4h02
Je retrouve Basile sur la ligne de départ, qui part en mode rando-photo faute d’entrainement. Six heures, les fauves sont lâchés. N'ayant pas bien dormis, j'ai un peu de mal sur la premiére portion de plat ou comme d’habitude, ça part tés vite... Au bout d'une heure, je me réveil enfin... Je croise Christian (alias Badgone) à plusieurs reprises sur le parcours dont les encouragements surpuissants me donnent la chair de poule. J'ai la pèche et le sourire car le parcours est grandiose.
Je passe avec 30" d'avance sur le temps estimé du 1er au premier ravito (km15) dans le top15 ce qui me conforte dans l'idée que la course va se gagner en moins de 24h. Première erreur....
Les bénévoles présents sont au top et plein de choix au ravito, bon point.
Je fais un bon bout de chemin avec Ginot Joseph Nativel (qui termineras 8ième) que je croise régulièrement sur des courses. Les paysage sont somptueux, une vraie ambiance de haute montagne alors qu'on fleurte à peine avec les 2000m. Je croise Akuna en mode reporter photos pour le magazine UltraMag qui va se régaler vu le cadre et la météo. Un spectateur trailer m'emboite le pas sur quelques km avant de se prendre une vilaine gamelle à quelques centaines de mètres du ravito. Un rapide "ça va", "ok", "cool", "j'ai encore du chemin" et je repars.
Quelques passages délicats mais rien de bien méchant et je file à bon train avec de très bonnes sensations au Refuge de La Pra.
Je passe avec 30" d'avance sur le temps estimé du 1er au premier ravito (km15) dans le top15 ce qui me conforte dans l'idée que la course va se gagner en moins de 24h. Première erreur....
Arselle (km15) - Crédit Photo Badgone
Les bénévoles présents sont au top et plein de choix au ravito, bon point.
Je fais un bon bout de chemin avec Ginot Joseph Nativel (qui termineras 8ième) que je croise régulièrement sur des courses. Les paysage sont somptueux, une vraie ambiance de haute montagne alors qu'on fleurte à peine avec les 2000m. Je croise Akuna en mode reporter photos pour le magazine UltraMag qui va se régaler vu le cadre et la météo. Un spectateur trailer m'emboite le pas sur quelques km avant de se prendre une vilaine gamelle à quelques centaines de mètres du ravito. Un rapide "ça va", "ok", "cool", "j'ai encore du chemin" et je repars.
Quelques passages délicats mais rien de bien méchant et je file à bon train avec de très bonnes sensations au Refuge de La Pra.
Le Pra - Jean Collet [11km D+2000m D-1200m] : 2h41
Une pause express, le temps de faire le plein d'eau et de savourer un super pain au lait à la confiture qu'un bénévole me prépare. Direction la Croix de Belledonne (2926m). Les paysages sont grandioses, un peu de brume mais la température idéale. Quelques centaines de mètres de dénivelé avant le sommet, je croise Daniel Boebion entrain de rebaliser.Je le double et m'invite à prendre droit dans à pente direction la Croix. L'ambiance est superbe la haut malgré la brume. Je déconne avec les bénévoles qui m'annoncent 6ième. La descente empreinte une partie du trajet aller ce qui me permet de croiser pas mal de coureurs. Je les encourage de vives voix un par un, dont Vincent du MTC. Certains sont vraiment surpris, d'autres me retournent les encouragements. A la bifurcation, je croise les fadas du MTC (Pierre, Hugues et Damien) qui font visiblement une course en équipe.
Je galère un peu pour trouver le chemin au Col de Freydane, voyant des balises sur 2 chemins distincts...
La bascule vers le lac Blanc est technique mais j'adore ce terrain. Un hélico reste de longues minutes dans le secteur, je redoute un accident.
Le refuge Jean Collet se dessine au loin, il y a du monde pour nous accueillir. Je suis toujours conforme en temps à mon objectif de - 30h.
Je galère un peu pour trouver le chemin au Col de Freydane, voyant des balises sur 2 chemins distincts...
Crédit photo : Akuna pour UltraMag
La bascule vers le lac Blanc est technique mais j'adore ce terrain. Un hélico reste de longues minutes dans le secteur, je redoute un accident.
Le refuge Jean Collet se dessine au loin, il y a du monde pour nous accueillir. Je suis toujours conforme en temps à mon objectif de - 30h.
Jean Collet - Fond de France [20km D+1300m D-2200m] : 5h07
Superbe ambiance au ravito et un accueil triomphal. Tous les bénévoles au petit soin. Je croise pas mal de tête connu et ca fait du bien au moral. Je prends mon temps car je sais que la portion suivante s'annonce longue (minimum 4h). Depuis le début j'ai uniquement 1L d'eau sur moi et une softflask vide de 500mL si besoin. Il y a beaucoup de torrent sur le parcours donc pas trop de soucis pour l'eau.
Tous les voyants sont au vert mais le rythme ralenti dans la montée du col de a Vache (2560m) qui ressemble étrangement à la montée à la brèche de Capitello en Corse. Matthieu Bourguignon me rattrape, je m'accroche mais je laisse filer dans la descente. Les heures passent et je n'ai plus rien à manger! Déjà 10h de course et j'ai avalé 10 gels ainsi que 2 barres en plus des ravitos. C'est la premiére fois en 5 ans que ça m'arrive, moi qui emporte toujours beaucoup de victuailles. Je commence à avoir vraiment faim et besoin de solide (pâtes, soupes...). J'ai l'impression de puiser dans mes réserves et je n'aime pas ça. J’hésite longuement avant de demander à un signaleur sur le parcours si il n'a pas un truc à me dépanner. J'hésite car c'est la course et à moi de prévoir. J'ai vraiment faim. Un bénévole m'accompagne pur le fun sur le dernier km, sympa! Il sera serre file sur une portion du parcours.
Ouf, j'arrive enfin après 5h07 de course depuis Jean Collet. Je suis 12ième après 11h50 de course.
Tous les voyants sont au vert mais le rythme ralenti dans la montée du col de a Vache (2560m) qui ressemble étrangement à la montée à la brèche de Capitello en Corse. Matthieu Bourguignon me rattrape, je m'accroche mais je laisse filer dans la descente. Les heures passent et je n'ai plus rien à manger! Déjà 10h de course et j'ai avalé 10 gels ainsi que 2 barres en plus des ravitos. C'est la premiére fois en 5 ans que ça m'arrive, moi qui emporte toujours beaucoup de victuailles. Je commence à avoir vraiment faim et besoin de solide (pâtes, soupes...). J'ai l'impression de puiser dans mes réserves et je n'aime pas ça. J’hésite longuement avant de demander à un signaleur sur le parcours si il n'a pas un truc à me dépanner. J'hésite car c'est la course et à moi de prévoir. J'ai vraiment faim. Un bénévole m'accompagne pur le fun sur le dernier km, sympa! Il sera serre file sur une portion du parcours.
Crédit photo : Benoit Lamouche – danslpentu.com
Ouf, j'arrive enfin après 5h07 de course depuis Jean Collet. Je suis 12ième après 11h50 de course.
Fond de France - Gleysins [12km D+1100m D-1100m] : 2h58
J'ai à peine pointé que j'ai déjà mon sac d’allégement entre les mains! Je file directement m'assoir pour engloutir un plat de pâtes, du pain et du fromage. Se poser après 12h ce n'est pas du luxe. Je retrouve la fine équipe du MTC: Ostrogo, venu faire le pacer de Gépé et Thierry le relayeur de Lionel dont je m'étonnes qu'il ne soit pas devant moi.
Je change de chaussettes, de GPS et fait le réapprovisionnement de nourritures.
Fond de France - Avec Matthieu Bourguignon - Crédit Photo Badgone
Je retrouve Mathieu qui abandonne sur blessure. Cette pause ma fait le plus grand bien. Mathieu m'invite à repartir avec Guillaume Bernard (qui termineras 7ième), un coureur local au palmarès bien rempli (son blog). J'emboite le pas de Guillaume en oubliant de remplir mes gourdes! Je m'en aperçois heureusement à quelques centaines de mètres du ravito... Sa sœur qui nous accompagne quelques minutes me prends les bidons et foncent faire le plein à un gîte en sortie de village. Je reste sans voix devant son élan de générosité. Sincèrement merci. Le parcours est assez simple, +1000m et -1000m jusqu'à Gleysins. La montée se fait en sous bois, donc visuellement sans intérêt, mais le rythme est bon. Guillaume me décroche un peu dans la descente ou je dois sortir la frontale. Il arrive 2 min avant moi. On prend le temps de faire le plein de soupe, de fromage et de compotes avant de mettre les voiles ensemble.
Gleysins - Super Collet [19km D+2300m D-1400m] : 8h14
Au bout de 10 minutes d’ascension, j'ai un coup de mou et impossible de suivre Guillaume. Je sais qu'il y a 1500m de D+ jusqu'au Col de Moretan (2503m) et que la descente est hyper raide derrière. Je n'avance pas et mon alti bug! Rrrrrrr...... Impossible de gérer mon effort. Les heures passent, les concurrents me doublent mais je ne désespère pas. Il m'aura fallu 3h pour rejoindre le Col (soit 500m/h, même en rando je vais plus vite!) ou je retrouve Henry qui enchaine le bénévolat (Montag'hard, Echapée Belle...) ne pouvant courir cette saison. Je lui baragouine que je suis cuit mais bascule directement sans prendre le temps de me poser.
La descente de nuit sur la neige puis dans les cailloux est hyper technique. C'est chaud même j'aime bien ce genre de terrain. Par contre deux coureurs me collent aux fesses, se prenant des gamelles et j'ai bien cru qu'ils allaient de faire tomber. Deux minutes plus tard, l'un tombe derrière moi, me plante son bâtons dans la main... Je ne dis rien, je m’arrête et les laissent passer avant qu'ils me brisent une jambe!
La descente est hyper longue est impossible de courir malgré la faible pente. Je trouve le temps long et je dois réduire la fréquence de mon alimentation ne voulant pas reproduire la mésaventure de la première partie de course. Deuxième erreur... Dés que c'est plat ou moins technique, j'arrive sans mal à relancer. Un mini ravito improvisé en plein nuit me permets de m'assoir 2 minutes et d'avaler une soupe de pâtes. Ça fait du bien. Une portion de 2km de piste me permet de récupérer un peu. Il me reste 1000m de D+ avant le ravito de Super Collet.
La montée est hyper raide, je n'ai aucune énergie et je n'avance donc pas. Les pauses se multiplient et l'idée d'abandon me traverse l'esprit. Je ramasse rapidement deux bâtons en bois qui m'aident bien.
Au refuge pierre du carre 1710m, je n'ai qu'une envie c'est de me posé. Un coup de frontale à travers la vitre, un coureur dors alors why not? J'ouvre la porte, qui grince, et vu l’accueil du gardien, en même temps il est 4h du mat, je continue ma route jusqu'à Super Collet (2065m). Je commence à avoir froid, il fait super humide. J'arrive enfin au ravito à 5h33 du matin avec dans l'idée d'abandonner... 90km D+8000m en 23h22 et il me reste au moins 9h!!Certes le plus dur est fait mais plus de plaisir malgré aucune douleur dans les jambes.
Non seulement je suis fatigué mais j’avais imaginé un ravito dans un environnement clos, pas en plein air ou je ne me vois pas me poser longtemps vu le froid. Le moral en prend un coup. Je mange et direction un lit sous une tente de fortune pour du repos. J'hésite à mettre le réveil mais je sais que je ne repartirais pas... Je somnole et je fais un malaise vagal dans mon sommeil!
7h, il fait jour mais la beauté des lieux ne suffit pas à me faire repartir. Je rends mon dossard.
Le rapatriement des coureurs n'est pas encore au point mais qu'importe, je suis ravi d'avoir pris le départ de cet ultra. J'en ai pris plein les yeux.
Place à la récupération avec une bonne fondue ;-)
Récupération active pendant 3j, avec 2x16km de vélo par jour pour aller travailler :-)
Épilogue (dixit Ultrasteph)
J'aime beaucoup ce trailer, Hervé Giraud-Sauveur (Team Lafuma) au palmarès hallucinant, capable de faire un 10km route en 34" (2012) et de finir l'UTMB 2013 en 26h07 à la 31ième place.
Il prend soin de nous faire partager sa passion à travers ses récit sur son blog: http://herve.giraud.sauveur.over-blog.com/
Dans son dernier CR sur l'UTMB2013, il dis, je cite
L’alimentation
Il faut connaître la quantité de nourriture et de boisson à prendre chaque heure (60 à 70 grammes de glucide par heure pour moi) et être habitué aux aliments ingurgités, savoir alterner sucré, salé, savoir prendre le temps nécessaire à un ravito pour mieux repartir. Notre corps est une formidable machine mais on peut parfois comprendre ses dérèglements gastriques et intestinaux quand on analyse la ration alimentaire pendant la course. En faisant ma propre analyse de l’alimentation, j’arrive sur 26 heures d’effort, à 6 litres de boisson énergétique, 4 litres de coca, 1 litre de soupe de pâtes soit 11 litres de boisson, vingt barres énergétiques GO2 (assortiment de pâtes de fruits, pâtes d’amende et barres protéines), pour le salé une trentaine de tuc, une trentaine de tranches de saucisson, une vingtaine de carré de gruyère, une baguette, trois bananes !! Ça paraît incroyable toute cette quantité et pourtant ! Et pour info 4 arrêts pipi, signe d’une hydratation convenable. Je suis très satisfait de ce chapitre alimentaire, je n’ai jamais été en manque pendant l’effort, contrairement à l’année dernière dont l’hypo m’a coûté une dizaine de places entre deux ravitos !!).J’ai franchi la ligne d’arrivée avec encore l’envie de boire, de manger (d’ailleurs je me suis avalé une bière dans les 5 minutes qui ont suivi). Et là je peux donc dire que c’est une vraie victoire sur l’alimentation !!! Ceux qui font de l’Ultra comprendront aisément ma pensée..
Cela confirme ce que je pense et je constate sur le terrain depuis 2008: plus tu cours vite, plus il faut prendre une quantité importante de nourriture. J'en ai fait les frais sur l'Echappée Belle à trop vouloir optimiser les pauses aux ravitos.
La descente de nuit sur la neige puis dans les cailloux est hyper technique. C'est chaud même j'aime bien ce genre de terrain. Par contre deux coureurs me collent aux fesses, se prenant des gamelles et j'ai bien cru qu'ils allaient de faire tomber. Deux minutes plus tard, l'un tombe derrière moi, me plante son bâtons dans la main... Je ne dis rien, je m’arrête et les laissent passer avant qu'ils me brisent une jambe!
La descente est hyper longue est impossible de courir malgré la faible pente. Je trouve le temps long et je dois réduire la fréquence de mon alimentation ne voulant pas reproduire la mésaventure de la première partie de course. Deuxième erreur... Dés que c'est plat ou moins technique, j'arrive sans mal à relancer. Un mini ravito improvisé en plein nuit me permets de m'assoir 2 minutes et d'avaler une soupe de pâtes. Ça fait du bien. Une portion de 2km de piste me permet de récupérer un peu. Il me reste 1000m de D+ avant le ravito de Super Collet.
La montée est hyper raide, je n'ai aucune énergie et je n'avance donc pas. Les pauses se multiplient et l'idée d'abandon me traverse l'esprit. Je ramasse rapidement deux bâtons en bois qui m'aident bien.
Au refuge pierre du carre 1710m, je n'ai qu'une envie c'est de me posé. Un coup de frontale à travers la vitre, un coureur dors alors why not? J'ouvre la porte, qui grince, et vu l’accueil du gardien, en même temps il est 4h du mat, je continue ma route jusqu'à Super Collet (2065m). Je commence à avoir froid, il fait super humide. J'arrive enfin au ravito à 5h33 du matin avec dans l'idée d'abandonner... 90km D+8000m en 23h22 et il me reste au moins 9h!!Certes le plus dur est fait mais plus de plaisir malgré aucune douleur dans les jambes.
Non seulement je suis fatigué mais j’avais imaginé un ravito dans un environnement clos, pas en plein air ou je ne me vois pas me poser longtemps vu le froid. Le moral en prend un coup. Je mange et direction un lit sous une tente de fortune pour du repos. J'hésite à mettre le réveil mais je sais que je ne repartirais pas... Je somnole et je fais un malaise vagal dans mon sommeil!
7h, il fait jour mais la beauté des lieux ne suffit pas à me faire repartir. Je rends mon dossard.
Le rapatriement des coureurs n'est pas encore au point mais qu'importe, je suis ravi d'avoir pris le départ de cet ultra. J'en ai pris plein les yeux.
Place à la récupération avec une bonne fondue ;-)
Récupération active pendant 3j, avec 2x16km de vélo par jour pour aller travailler :-)
Épilogue (dixit Ultrasteph)
J'aime beaucoup ce trailer, Hervé Giraud-Sauveur (Team Lafuma) au palmarès hallucinant, capable de faire un 10km route en 34" (2012) et de finir l'UTMB 2013 en 26h07 à la 31ième place.
Il prend soin de nous faire partager sa passion à travers ses récit sur son blog: http://herve.giraud.sauveur.over-blog.com/
Dans son dernier CR sur l'UTMB2013, il dis, je cite
L’alimentation
Il faut connaître la quantité de nourriture et de boisson à prendre chaque heure (60 à 70 grammes de glucide par heure pour moi) et être habitué aux aliments ingurgités, savoir alterner sucré, salé, savoir prendre le temps nécessaire à un ravito pour mieux repartir. Notre corps est une formidable machine mais on peut parfois comprendre ses dérèglements gastriques et intestinaux quand on analyse la ration alimentaire pendant la course. En faisant ma propre analyse de l’alimentation, j’arrive sur 26 heures d’effort, à 6 litres de boisson énergétique, 4 litres de coca, 1 litre de soupe de pâtes soit 11 litres de boisson, vingt barres énergétiques GO2 (assortiment de pâtes de fruits, pâtes d’amende et barres protéines), pour le salé une trentaine de tuc, une trentaine de tranches de saucisson, une vingtaine de carré de gruyère, une baguette, trois bananes !! Ça paraît incroyable toute cette quantité et pourtant ! Et pour info 4 arrêts pipi, signe d’une hydratation convenable. Je suis très satisfait de ce chapitre alimentaire, je n’ai jamais été en manque pendant l’effort, contrairement à l’année dernière dont l’hypo m’a coûté une dizaine de places entre deux ravitos !!).J’ai franchi la ligne d’arrivée avec encore l’envie de boire, de manger (d’ailleurs je me suis avalé une bière dans les 5 minutes qui ont suivi). Et là je peux donc dire que c’est une vraie victoire sur l’alimentation !!! Ceux qui font de l’Ultra comprendront aisément ma pensée..
Cela confirme ce que je pense et je constate sur le terrain depuis 2008: plus tu cours vite, plus il faut prendre une quantité importante de nourriture. J'en ai fait les frais sur l'Echappée Belle à trop vouloir optimiser les pauses aux ravitos.
Merci Flo pour les sorties qu'on a partagé cet été et les conseils que tu m'as donné et qui m'ont, sans aucun doute, permis d'aller au bout. Putain, moi aussi j'ai pris mon pied...
RépondreSupprimerPascal
Juste divine ! je suis tombé amoureux de cette course que j'ai du moi aussi abandonner mais que je terminerai l'an prochain ! Merci pour ton réçit. Karl dossard 465
RépondreSupprimerBoudiou ! c'est beau, c'est fort ! çà me laisse rêveur ! demain ? après demain ? jamais ?
RépondreSupprimerBeau CR, bravo à toi et surtout content d'avoir fait ta connaissance. Aprés mon sieste au super collet , j'ai longtemps cru que tu étais devant. J'étais parti à ta recherche...jusqu'à l'arrivée.
RépondreSupprimerBonne récup et à bientôt.
Merci pour ce récit...
RépondreSupprimerJ'étais avec toi à Jean Collet quand tu as rendu ton dossard. j'ai fini 28ème en 37h pour te donner une idée des temps dans lesquels tu étais.
je suis tjs surpris de voir des concurrents si bien placés qui abandonnent. Pourquoi ne pas se refaire la cerise pendant 3-4h à Jean Collet pour repartir ensuite et finir et éviter d'avoir mal à la tête les jours qui suivent la course.
En tous cas merci du partage d'expérience.
Un beau récit Flo, émouvant et instructif. Un bon ravito et quelques heures de sommeil auraient peut être remis la machine à neuf. C'est quand l'esprit gamberge qu'il est utile d'avoir quelqu'un au bon moment, qui par un discours un peu musclé te remet dans les rails.
RépondreSupprimerCela dit, depuis son fauteuil et devant l'écran, c'est toujours facile de commenter.
En tout cas un vrai plaisir de te lire, merci, bravo pour tout et à la prochaine.
Pierre.